La perte de la diversité biologique est devenue un enjeu planétaire. En effet, le taux actuel d’extinction d’espèces vivantes est de 1000 fois supérieur au taux moyen observé dans l’évolution de la Terre. D’innombrables espèces sont condamnées à disparaître à cause de leur surexploitation, de la destruction de leur habitat, des changements climatiques, des espèces envahissantes et de la pollution.
Les scientifiques du monde entier s’accordent pour prédire l’extinction de 25 à 50 % des espèces d’ici la fin du siècle si rien n’est fait pour renverser la tendance. C’est l’héritage de milliards d’années d’évolution de la flore et de la faune qui disparaît ainsi. À terme, c’est non seulement l’intégrité de la biosphère qui est menacée, mais notre propre survie comme espèce. La protection de la biodiversité est une condition sine qua non du développement durable.
Le texte de cette section provient du Centre sur la biodiversité de l'Université de Montréal.
Photo : © Pierre Martin
Dans l'angle mort des stratégies pour protéger les animaux et les plantes en péril, le règne des champignons attend patiemment son tour. Des voix s'élèvent pour accorder un statut particulier à ces organismes négligés mais essentiels aux écosystèmes.
À l'extérieur des salles où les négociateurs, à huis clos, cherchent un terrain d'entente pour mieux financer la préservation de la nature, un kiosque attire de nombreux curieux. Sur ses grandes bannières, des filaments s'entremêlent à la manière d'un tableau de Jackson Pollock.
Ces réseaux ont été invisibles pendant si longtemps, alors qu'ils sont juste sous nos pieds! m'explique avec enthousiasme Toby Kiers, une biologiste qui a fait le voyage jusqu'à Cali, en Colombie, pour assister à la COP16, la grande conférence de l'ONU sur la biodiversité.
L'organisation non gouvernementale qu'elle a cofondée, la Society for the Protection of Underground Networks (SPUN), y participe pour faire avancer la cause des fonges, en espérant que cette dernière se taille un jour une place au programme. L'engouement des visiteurs au kiosque de la SPUN tout au long de la COP16 envoie déjà un signal encourageant, selon la professeure Kiers.
Photo : Daniil Nenashev / Banque mondiale
Le fait de porter toute l’attention sur la protection de 30 % des terres et des mers de la planète pourrait faire oublier l’importance de se soucier des zones qui ne sont pas protégées.
En signant l’accord mondial sur la biodiversité à Montréal en 2022, les pays de la planète se sont engagés à protéger au moins 30 % des terres et des eaux intérieures, ainsi que 30 % des zones marines et côtières.
C’est un défi monumental, considérant ce que nous avons réussi à protéger jusqu’à maintenant.
Les derniers chiffres sortis durant la conférence des Nations unies sur la biodiversité à Cali, la COP16, nous rappellent tout le travail qui reste à faire. Selon le rapport Protected Plane, publié le 28 octobre par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), il faut redoubler d’efforts : la superficie des aires protégées doit doubler sur terre et tripler en mer d’ici cinq ans.
La COP16 biodiversité s’est terminée samedi à Cali, échouant à obtenir un accord sur le financement de la feuille de route que l’humanité s’est fixée pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030.
Les négociations ont été suspendues au matin par la présidente colombienne du sommet des Nations unies quand Susana Muhamad a constaté avoir perdu le quorum des délégués, partis attraper leur avion après une nuit blanche en plénière.
« C’est fini », a déclaré Susana Muhamad à l’AFP, depuis la tribune où elle se congratulait avec ses équipes.
Malgré l’échec des négociations cruciales sur le financement et sur un mécanisme de suivi, censé assurer que les pays remplissent leurs engagements pris il y a deux ans à Montréal pour sauver la nature.
Carte : Ressources naturelles et Forêts Québec
Malgré la réforme de la Loi sur les mines, le gouvernement Legault n’entend pas revoir la priorité accordée aux permis d’exploration minière, toujours plus nombreux, plutôt qu’à la protection des milieux naturels sur les terres publiques. Une situation dénoncée par les groupes environnementaux, qui affirment que le Québec se prive de moyens importants pour respecter ses engagements en matière de protection de la biodiversité.
La superficie du territoire québécois couverte par des permis d’exploration minière ne cesse de croître. Selon des données fournies par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), on comptait, au total, 353 106 « titres miniers » actifs en date du 10 octobre. Ceux-ci représentent 180 746 km2 de territoire, soit près de 11 % de tout le Québec. En cinq ans, leur nombre a plus que doublé et en moins d’un an, plus de 5000 titres se sont ajoutés, pour une superficie supplémentaire d’au moins 4000 km2.
Cette présence de plus en plus forte de droits d’exploration accordés à l’industrie minière sur les terres publiques représente un obstacle pour l’atteinte des objectifs de protection des milieux naturels et de la biodiversité, déplorent la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP Québec), Nature Québec et la Coalition Québec meilleure mine.
Tel l’éléphant dans la pièce, on parle rarement des arbres lorsqu’il est question d’espèces en péril. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, près de 40 % des espèces d’arbres sur Terre sont pourtant menacées d’extinction. Gros plan sur les plus récentes données dévoilées à la COP16.
« Une des informations les plus importantes »
« C’est peut-être une des informations les plus importantes que vous allez recevoir pendant ces deux semaines », a affirmé d’entrée de jeu la directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Grethel Aguilar. Au cours d’une conférence de presse tenue lundi lors de la COP16 sur la biodiversité, à Cali, en Colombie, Mme Aguilar a présenté une mise à jour d’un rapport sur la situation des arbres dans le monde. Selon les données les plus récentes, 38 % des espèces d’arbres sont maintenant inscrites sur la liste rouge de l’UICN, qui répertorie les espèces en fonction de leur risque de disparition.
Le constat des experts est sans appel : les terres, les mers et les êtres vivants qu’elles abritent sont menacés par les destructions de l’humanité, qui doit faire la « paix avec la nature » pour éviter une facture désastreuse.
Mais sur quelles données s’appuie ce diagnostic qui a conduit le monde à adopter l’accord de Kunming-Montréal et sa liste de 23 objectifs pour stopper l’hémorragie d’ici 2030 ? Revue de quelques chiffres clés au cœur des négociations de la COP16 biodiversité à Cali en Colombie.
Trois quarts des terres altérées par l’humanité
Environ 75 % de la surface terrestre a été dégradée de manière significative par l’humanité – un chiffre qui inclut les forêts défrichées et les écosystèmes convertis en terres cultivées ou en espaces urbains. Les zones humides, les plus touchées, ont disparu à 87 % depuis trois siècles.
Il sera beaucoup question d’argent à la COP16 sur la biodiversité, qui bat son plein jusqu’au 1er novembre en Colombie. Pour mieux protéger la nature, il faudra notamment réduire les subventions néfastes à l’environnement, qui totalisent aujourd’hui la somme de 3700 milliards CAN par année à l’échelle mondiale.
En décembre 2022, à l’issue de la COP15, tenue à Montréal, les dirigeants du monde entier ont convenu d’un premier cadre mondial sur la biodiversité, comportant 23 objectifs. Outre la mesure phare de protéger 30 % des terres et des océans, l’une de ces cibles (objectif no 18) prévoit de réduire les subventions néfastes à l’environnement d’au moins 690 milliards de dollars canadiens par année d’ici 2030. « On parlait au départ d’éliminer ces subventions-là, d’arriver à un bilan zéro en 2030. Pour des raisons pragmatiques, on a ramené ça à 690 milliards », précise Jérôme Dupras, professeur au département des sciences naturelles à l’Université du Québec en Outaouais.
À Montréal en 2022, les pays s'étaient entendus pour protéger 30 % des terres et des océans d'ici 2030. À ce jour, 33 d'entre eux ont soumis leur plan pour y parvenir.
Deux ans après l'entente majeure qui a consolidé la volonté des États de freiner le déclin de la biodiversité, les pays du monde entier, réunis à Cali, en Colombie, doivent désormais déterminer la marche à suivre pour que ces engagements passent du papier à la réalité.
Moins d'une semaine avant Noël en 2022, les représentants de plus de 190 pays avaient quitté Montréal avec la promesse de protéger 30 % des terres et des océans d'ici 2030 – baptisée « 30 x 30 » – et de mobiliser suffisamment d'argent pour le faire.
Cet engagement phare n'est pourtant qu'une seule des 23 cibles qui composent le cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal, un texte dont l'envergure et l'ambition se comparent à l'Accord de Paris pour limiter le réchauffement de la planète.
Alors que s’ouvre lundi en Colombie la conférence des Nations unies sur la biodiversité, rappel des liens quotidiens qui nous unissent à la nature.
Quand on parle de biodiversité, c’est souvent parce qu’on en a perdu. On parle peu du rôle positif qu’elle joue dans nos vies.
Qu’est-ce que la biodiversité, au juste? Et pourquoi devrait-on s’en soucier?
Ce n’est pas le genre de questions qu’on se pose au quotidien.
Quand je croque dans une pomme en ces jours d’automne, quand je plante mes dents dans ce fruit si divinement ferme et frais, si juteux, mais pas trop, parfois sucré, mais juste assez, avec la dose parfaite d’amertume, je ne me questionne pas vraiment sur l’état de la biodiversité. Je savoure.
La Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP16) s’ouvre lundi en Colombie, près de deux ans après la COP15 tenue à Montréal, qui avait permis de parvenir au premier accord mondial en faveur de la protection de la biodiversité. Les 196 nations doivent maintenant s’entendre sur les moyens colossaux à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs du cadre mondial de Kunming-Montréal.
En attente des plans d’action des pays
Sur les 196 nations censées l’avoir fait, à peine une trentaine de pays ont soumis à l’ONU leur stratégie nationale pour enrayer la destruction de la nature d’ici 2030, selon le décompte annoncé mercredi par les Nations unies.
En plus des pays qui ont déposé un document détaillant les efforts qu’ils entendent déployer pour respecter les 23 cibles de l’accord mondial, 91 ont soumis des « cibles nationales », c’est-à-dire des engagements sur la totalité ou une partie des objectifs, a déclaré en conférence de presse Astrid Schomaker, secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique.
Photo : GREMM
Les dérèglements provoqués par le réchauffement climatique dans les eaux du Saint-Laurent risquent de pousser le béluga vers une « zone critique », conclut une nouvelle étude scientifique fédérale, qui permet aussi de constater que l’essentiel de la population demeure toute l’année dans l’estuaire, une région soumise à d’importants bouleversements.
Les populations de bélugas dans le monde vivent essentiellement dans la région arctique, à l’exception de celle du Saint-Laurent, qui découle de la dernière période glaciaire et qui se trouve donc à la limite la plus au sud de la répartition de l’espèce.
Après avoir été chassée intensivement, puis malmenée par la pollution de son habitat, l’espèce est aujourd’hui menacée par le réchauffement climatique, selon ce qui se dégage de l’étude Évaluation du potentiel de rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent, commandée par Pêches et Océans Canada (MPO) et cosignée par 13 scientifiques.
Photo : © European Wilderness Society (CC BY-NC-ND 4.0)
La biodiversité débute sa 6ème extinction de masse, la première entièrement causée par une seule espèce : l’Homme. Une extinction de masse est définie comme la perte de plus des trois quarts des espèces dans un court laps de temps géologique. Les taux d’extinction actuels sont les plus rapides jamais observés. Et il est désormais clair que cette extinction concerne une grande partie du vivant : oiseaux, mammifères mais aussi les invertébrés, qui disparaissent à des taux encore plus rapides.
Si protéger la biodiversité est nécessaire, cela n’a pas suffi et restaurer les écosystèmes dégradés est désormais inévitable. Ce constat n’est pas nouveau : les Nations Unies ont adopté une résolution déclarant la décennie 2021–2030 comme celle de la restauration des écosystèmes. Après quelques années de débat scientifique, le concept de « réensauvagement » devient un nouvel outil phare de protection de la nature.
Graphique : Environnement et Changement climatique Canada
Des dizaines d’espèces d’oiseaux subissent un déclin « alarmant » de leurs populations en raison de la destruction de leurs habitats et des répercussions de la crise climatique, prévient un nouveau rapport scientifique publié mardi par le gouvernement fédéral.
Les données contenues dans le document L’état des populations d’oiseaux du Canada donnent la mesure des menaces qui pèsent sur la diversité de la faune aviaire qu’on peut observer au pays.
Pas moins de 168 espèces, soit 36 % des espèces d’oiseaux au Canada, ont subi des reculs au cours des dernières décennies. Un constat qualifié d’« alarmant » par les experts qui signent ce rapport produit par Oiseaux Canada et Environnement et Changement climatique Canada.
« Une crise fait rage dans les Prairies. Le nombre d’oiseaux de prairies a diminué de 67 % depuis 1970, et rien ne laisse présager que la situation se stabilisera », souligne le document, en pointant « la destruction et la dégradation des prairies naturelles ». Chez les limicoles, des oiseaux qui fréquentent notamment les milieux humides et les milieux marins, « le déclin marqué des populations se poursuit » : 42 % depuis 1970.
Carte : Plant diversity darkspots for global collection priorities, Onde et al., New Phytologist, vol. 244
Le défi est d'étudier ces espèces avant qu'elles ne s'éteignent : 3 plantes qui n'ont pas encore été identifiées sur 4 sont susceptibles d'être menacées d'extinction.
De la Colombie au Myanmar, des botanistes ont identifié 33 « points sombres », soit des régions qui abriteraient une biodiversité rare et méconnue de la communauté scientifique. Accélérer les efforts de documentation de ces espèces, disent-ils, est crucial pour atteindre les objectifs convenus par les pays à la COP15 de Montréal.
Selon une équipe de chercheurs des Jardins botaniques royaux de Kew, au Royaume-Uni, les États, les scientifiques et les organisations environnementales auraient tout intérêt à concentrer leurs activités de conservation dans ces zones riches en diversité végétale.
Dans leur récente étude, publiée dans la revue New Phytologist, les botanistes prônent la mise en lumière de ces 33 « points sombres » (darkspots) qui regorgeraient d’espèces n'ayant jamais été nommées ni géolocalisées, en raison de lacunes dans la collecte de données.
Photo : Glacier National Park (NPS) (CC0)
Les barrages de castors retiennent l’eau, maintiennent des milieux humides propices à la faune et à la flore et, même, freinent des incendies de forêt. Aux États-Unis comme au Canada, des organisations gouvernementales et environnementales commencent à les utiliser pour lutter contre les effets des changements climatiques.
« Quand vous étudiez les castors, vous réalisez que ce qu’ils font protège des habitats et d’autres espèces des changements climatiques. Et ils le font sans qu’on le leur demande. Ça donne espoir », souligne Emily Fairfax, professeure de géographie à l’Université du Minnesota.
L’activité des castors contribue à recharger les nappes phréatiques, à élargir les plaines inondables, à conserver l’eau durant les périodes de sécheresse et à restaurer les paysages fluviaux, ont confirmé plusieurs études au fil des ans.
Leurs barrages peuvent même limiter les dégâts lors des « mégafeux », ces incendies de forêt extrêmes qui s’étendent sur plus de 100 000 acres (presque 405 km2), montre une recherche publiée en début d’année.
Photo : Felipe Werneck/Ibama via Wikimedia (CC BY 2.0 DEED)
Alerte rouge pour la plus grande forêt tropicale de la planète : déforestation et incendies dévastateurs en Amazonie, qui joue un rôle crucial contre le réchauffement climatique, font peser le risque de « conséquences irréversibles », préviennent ONG et experts.
En moins de quatre décennies, une surface presque aussi grande que la Colombie a été déboisée dans la région, selon une étude du Réseau amazonien d’information socio-environnementale et géographique (RAISG), un collectif de chercheurs et d’ONG, à laquelle l’AFP a eu accès lundi.
Lundi aussi, l’observatoire européen Copernicus a sonné l’alarme : l’Amazonie et la zone humide du Pantanal, autre sanctuaire de biodiversité situé plus au sud, ont connu ces derniers mois leurs « pires incendies en deux décennies ».
Conséquence : les émissions de carbone ont été « significativement au-dessus de la moyenne, battant des records régionaux et nationaux », affectant « gravement » la qualité de l’air dans toute l’Amérique du Sud.
Photo : Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC) (CC BY-NC-ND 2.0)
Ottawa a dévoilé le 23 août sa stratégie sur le bruit sous-marin, qui ne va pas assez loin pour protéger la biodiversité de nos océans, estime le Fonds mondial pour la nature. Car sous l’eau, il n’y a pas que le chant des baleines, mais aussi de plus en plus de bruits provoqués par les activités humaines. Un tintamarre qui peut avoir de sérieuses conséquences pour la faune sous-marine.
Du bruit dans les océans ? Voilà un sujet dont on n’entend pas souvent parler…
« Le bruit et la pollution sonore provoqués par des activités humaines [dans l’océan], c’est quelque chose de relativement nouveau depuis une centaine d’années », explique Kristen Powell, spécialiste des enjeux de conservation marine au Fonds mondial pour la nature (WWF) au Canada. Comme sur la terre, les activités humaines se sont multipliées, avec des impacts importants sur les océans. « Pour la vaste majorité des espèces océaniques, si on augmente le bruit de fond ambiant, ça va avoir un effet, qui peut difficilement être positif », résume Pierre Cauchy, professeur d’acoustique marine à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) à Rimouski.
Photo : Sépaq
Les animaux, c’est bien connu, représentent une source d’inspiration inépuisable pour écrire des fables.
Et des fables, il s’en trouve de très bonnes dans la lettre sur le caribou forestier envoyée par le gouvernement Legault au ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault.
La première fable prend la forme classique du conte de fées. Elle raconte une bien belle histoire : le gouvernement québécois serait particulièrement proactif dans la protection du caribou forestier et ses efforts porteraient leurs fruits. Les caribous du Québec, s’il faut en croire la missive, vivent heureux et ont beaucoup d’enfants dans la verdoyante forêt boréale.
« Ces diverses mesures prises par le Québec permettent de maintenir et de favoriser la progression de hardes qui seraient vraisemblablement éteintes si nous n’avions pas agi comme nous l’avons fait », écrivent les ministres québécois Benoit Charette (Environnement) et Maïté Blanchette Vézina (Ressources naturelles et Forêts).
Le gros hic, c’est que les biologistes nous disent pas mal exactement l’inverse. De nombreuses analyses sérieuses montrent que les caribous déclinent et que les efforts de Québec sont cruellement insuffisants.
Le projet de décret d’urgence du gouvernement fédéral pour la protection de trois populations de caribous du Québec réduirait d’à peine 4 % les possibilités forestières annuelles de la province, selon les calculs du Forestier en chef publiés mardi.
Dans le contexte des consultations en cours qui visent à préciser la portée du décret fédéral de protection des hardes de Charlevoix, de Val-d’Or et du Pipmuacan, le Forestier en chef a analysé l’effet sur les possibilités forestières de la période 2024-2028 des « zones provisoires » soumises à la consultation, soit les territoires qui sont au coeur de la proposition de décret.
Étant donné que le projet de protection d’habitats du caribou forestier prévoit qu’il n’y aurait aucune activité forestière dans ces zones provisoires, le Forestier en chef les a considérées comme des « aires protégées strictes ». Celles-ci couvrent 1,6 million d’hectares, dont 1,2 million d’hectares contribuent aux possibilités forestières et sont donc admissibles à la récolte.
Photo : Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent
Pour protéger les milieux naturels ainsi que les animaux et les végétaux qui y vivent, les propriétaires privés peuvent faire avancer les choses. Leur apport est même essentiel, selon certains organismes de conservation.
« Au Québec, de manière générale, on trouve 50 % des espèces vulnérables en terres privées », indique le directeur général du Réseau de milieux naturels protégés, Brice Caillié. Son organisation soutient et encourage les initiatives de conservation de lots privés dans toute la province.
« On n’a pas le choix de protéger ce territoire-là si on veut stopper la perte de biodiversité. »
— Brice Caillié, directeur du Réseau de milieux naturels protégés
Protéger les terres privées, c’est justement cette mission que s’est donnée Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent.
Après plusieurs années de démarches, cet organisme a acquis, l’an dernier, une première propriété à Cacouna, ce qui lui permettra d’en assurer la protection à perpétuité.
Image : Commission Européenne
Les États de l’Union européenne (UE) ont définitivement adopté lundi une législation-clé du Pacte vert qui impose la restauration des écosystèmes abîmés, la ministre autrichienne de l’Environnement ayant défié son propre gouvernement pour soutenir le texte après des mois de blocage.
La décision, soutenue par 20 États sur 27 lors d’une réunion des ministres de l’Environnement à Luxembourg, ouvre la voie à l’entrée en vigueur de ce texte destiné à enrayer la perte de biodiversité — et dont l’impact pour l’agriculture a fait débat. Il avait déjà été validé par les eurodéputés.
Coup de théâtre : l’Autriche, qui avait officiellement choisi de s’abstenir en raison de divisions dans la coalition au pouvoir, a finalement voté pour. Le chancelier conservateur Karl Nehammer a jugé « illégal » le vote de sa ministre écologiste Leonore Gewessler, et annoncé « introduire un recours en annulation » devant la justice européenne.
Photo : (CC0)
Des poissons qui changent de sexe ou qui ont moins peur face aux prédateurs : les rivières sont si polluées partout dans le monde que l’on peut parfois voir l’effet direct de certains médicaments sur les espèces. Une équipe internationale de chercheurs tire la sonnette d’alarme et appelle à développer des solutions de rechange plus « vertes ».
Pilules contraceptives, antidépresseurs, antibiotiques, médicaments anticancéreux, drogues… La liste des médicaments que l’on trouve dans les rivières est longue. Et à des concentrations loin d’être négligeables.
Une étude a révélé en 2021 que, sur plus de 1000 échantillons prélevés dans des rivières d’une centaine de pays, 43 % montraient la présence d’au moins un médicament dont la concentration était considérée comme préoccupante pour les écosystèmes.
Les médicaments les plus fréquemment trouvés étaient la carbamazépine (un médicament utilisé pour traiter l’épilepsie), la metformine (un médicament contre le diabète de type 2) et la caféine.
Photo : Sépaq
Le plan d’Ottawa pour respecter ses engagements de protection de la nature pris lors de la COP15 de Montréal ne compte aucun chapitre sur le Québec, puisque le gouvernement Legault n’a pas souhaité y collaborer.
« Je trouve ça un peu décevant que le gouvernement du Québec ait décidé de ne pas participer », a déploré jeudi le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.
Le ministre montréalais venait de dévoiler la « Stratégie pour la nature 2030 du Canada », un document de 210 pages qui détaille comment le gouvernement fédéral compte « freiner et inverser » la perte de la biodiversité au pays. Elle est accompagnée d’un projet de loi, C-73, déposé jeudi, qui propose de forcer le gouvernement à faire le rapport de ses progrès de conservation.
Carte : © Elizabeth P. Pik et all., The Society for Conservation Biology
Des scientifiques ayant mené une vaste étude sur les aires marines protégées dans le monde concluent qu’environ 65 % des aires marines dites « protégées » ne le sont pas.
Le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming à Montréal, ratifié en décembre 2022, a pour ambition de faire passer la proportion d’aires marines protégées à 30 % des océans d’ici 2030. Aujourd’hui, cette part avoisine les 10 %.
Les chercheurs, dont l’étude est parue dans le journal scientifique Conservation Letters, se sont intéressés à ces aires marines protégées existantes, et plus précisément au niveau de protection qui y est en place.
Étant donné qu’il y a 18 000 aires marines de ce type sur la Terre, les scientifiques n’ont pas eu les moyens humains ni le temps de toutes les étudier.
« On a étudié les 100 plus grandes, qui représentent 90 % de toute la surface des aires marines, ou encore 7,3 % des océans de la planète », explique Joachim Claudet, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’un des coauteurs de l’étude.
Photo : Google Maps
Le gouvernement Legault promet de renforcer la protection des milieux humides, qui continuent de disparaître au Québec malgré une législation censée freiner le recul de ces espaces naturels de grande importance pour la biodiversité.
La Coalition avenir Québec a donné mercredi son appui à l’adoption d’une motion présentée par Québec solidaire et qui « demande au gouvernement du Québec de réviser et renforcer la législation relative à la protection des milieux humides afin de freiner leur destruction progressive ».
Interpellé à la suite de l’adoption de la motion, le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a promis de présenter des « modifications réglementaires » afin de « renforcer la réglementation », et ce, « dans les prochaines semaines ».
« Actuellement, nous avons des chiffres qui parlent par eux-mêmes. On recueille des sommes qu’on ne parvient pas à décaisser compte tenu des contraintes. C’est un des aspects sur lesquels on veut travailler », a-t-il précisé.
Québec a autorisé le géant américain Microsoft à détruire l’équivalent de neuf terrains de football en milieux humides, soit plus que ce qui a été remblayé sur le site de Northvolt jusqu'à présent.
Selon un inventaire obtenu grâce à la Loi d’accès à l'information, le géant numérique a obtenu en 2023 le droit de détruire 75 000 m2 de milieux humides pour la construction de ses quatre centres de données.
En comparaison, Northvolt, sous le feu des critiques pour son impact écologique, a pour le moment remblayé 60 000 m2 de milieux humides en Montérégie.
«C’est sûr que c’est perturbant. Et ce qui est d’autant plus frustrant, c’est que les centres de données pourraient s’installer à peu près n’importe où», indique Stéphanie Pellerin, experte des milieux humides à l’Université de Montréal.
Carte : SNAP Québec
L’offre est absolument spectaculaire. Elle m’a été présentée par Alain Branchaud et Marie-Pierre Beauvais, de la SNAP – la Société pour la nature et les parcs du Canada.
« On pense, de façon très réaliste, pouvoir protéger 30 000 km2 de territoire dans le sud du Québec dans les quatre prochaines années », me lance M. Branchaud, directeur général de la section québécoise de la SNAP, lors d’une entrevue dans les locaux de l’organisation.
La superficie qu’évoque M. Branchaud équivaut à la grandeur de la Belgique. On parle de 63 fois l’étendue de l’île de Montréal, de 20 fois le parc national du Mont-Tremblant. C’est 1,8 % de toute la superficie du Québec.
Le coût pour réaliser ce tour de force ? La SNAP Québec demande « entre 10 et 15 millions » de dollars au gouvernement du Québec. Des pinottes. En 2022, lors de la COP15 sur la biodiversité tenue à Montréal, le gouvernement Legault s’était engagé à investir 650 millions pour atteindre l’objectif de protéger 30 % de son territoire d’ici 2030. Nous sommes actuellement à 17,68 %.
Photo : Sépaq
Le Québec a tellement tardé à agir pour protéger les populations en déclin de caribous forestiers que certaines d’entre elles sont aujourd’hui condamnées, au mieux, à « des décennies » de captivité, et ce, seulement si le gouvernement met finalement en place des mesures ambitieuses de restauration de leurs habitats forestiers.
Expert reconnu du caribou forestier, Martin-Hugues St-Laurent craint plus que jamais le pire pour les trois populations isolées de la province : celle de Val-d’Or, celle de Charlevoix et celle de la Gaspésie. « Nous avons trois populations sous respirateur artificiel », laisse-t-il tomber.
Les deux premières ont déjà été placées en captivité de façon permanente et la moitié de la troisième a été capturée l’hiver dernier et mise en enclos temporairement, dans un objectif de protection d’éventuelles naissances de faons ce printemps.
Après des années d'attente, Québec a présenté mardi un plan de protection partiel du caribou qui s'est attiré les critiques de nombreux observateurs. Des experts recommandent quant à eux une révision majeure du cadre législatif québécois pour protéger les espèces menacées.
Québec mettra sur pied des « projets pilotes » visant à protéger les caribous forestiers de Charlevoix et des caribous montagnards de la Gaspésie, reléguant à plus tard l’adoption de mesures de protection de la dizaine d’autres hardes de caribous de la province, un plan jugé incomplet, décevant et incertain par divers observateurs.
La stratégie québécoise de rétablissement et de protection du caribou, promise depuis 2016 et reportée à de nombreuses reprises, fait donc place à « un plan régionalisé », ont annoncé mardi à Sainte-Anne-des-Monts le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, et la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.
Photo : Wikimedia (CC0)
La production mondiale de viande, d’œufs et de lait demeure dominée par une poignée de races, alors que des animaux d’élevage issus de races rustiques disparaissent à vitesse grand V. L'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tire la sonnette d’alarme depuis des années.
À Martintown, dans l’Est ontarien, Kodie Gills essaie tant bien que mal de vivre de son petit troupeau de cochons Lacombe, la seule race porcine canadienne. Bien adaptés à la vie en plein air, ses animaux sont élevés au pâturage et en forêt.
« Pas besoin d’avoir de grands bâtiments et des investissements de plusieurs millions de dollars », souligne ce jeune agriculteur.
Photo : Mario Hains via Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
Des chercheurs québécois viennent de lancer un important projet de recherche visant à développer une expertise pour la restauration de milieux humides, pratiquement inexistante dans la province. Un constat qui devrait inciter le ministère de l’Environnement à être plus prudent en n’autorisant pas aussi facilement leur destruction tout en promettant de les restaurer avec un objectif de zéro perte nette.
On ne sait pas comment restaurer des milieux humides, c’est bien ça ?
La réponse courte à cette question, c’est oui. L’expertise est pratiquement inexistante, affirment les biologistes Kim Marineau et Stéphanie Pellerin. « On n’a pas les connaissances pour faire de la restauration. Il y a un besoin de recherche évident », affirme Mme Marineau, présidente de la firme Biodiversité conseil.
Le fossé continue de se creuser en matière de protection des milieux humides, malgré de nombreux avertissements. En six ans et demi, le gouvernement du Québec a autorisé la destruction d’une superficie équivalente à près de 11 fois le parc du Mont-Royal, récoltant au passage plus de 173 millions de dollars en compensations financières. Or, à peine 1 % de ces fonds ont été investis à ce jour dans la création ou la restauration de milieux équivalents.
Depuis l’entrée en vigueur de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, en juin 2017, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a donné le feu vert à des milliers de projets qui ont entraîné la destruction de 23,3 km2 de milieux humides dans la province.
Le ministère de l’Environnement continue d’autoriser presque systématiquement la destruction de milieux humides en échange d’argent, mais n’a pas dépensé un sou de ces sommes pour créer de nouveaux écosystèmes depuis juillet dernier, a constaté notre Bureau d’enquête.
Depuis 2017, Québec a accumulé une cagnotte de 170 M$ versés par les promoteurs et les organisations publiques qui détruisent des milieux humides et hydriques, selon des données fournies par le ministère.
Ces sommes doivent notamment servir à la création ou la restauration d’autres milieux humides. Mais au cours des neuf derniers mois, aucun projet n’a été financé.
Photo : Elapied via Wikipedia (CC BY-SA 2.0 FR DEED)
Les récifs coralliens du monde entier connaissent pour la quatrième année un blanchissement global, ont déclaré lundi d’éminents experts des récifs, résultat du réchauffement des eaux océaniques dans le cadre du changement climatique provoqué par l’humain.
Le blanchissement des récifs coralliens dans au moins 53 pays, territoires ou économies locales a été confirmé entre février 2023 et aujourd’hui, ont déclaré des scientifiques de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) et de l’organisme International Coral Reef Initiative. Cela se produit lorsque les coraux stressés expulsent les algues qui sont leur source de nourriture et leur donnent leur couleur. Si le blanchissement est sévère et prolongé, le corail peut mourir.
Les récifs coralliens sont des écosystèmes importants qui soutiennent la vie sous-marine, protègent la biodiversité et ralentissent l’érosion. Ils soutiennent également les économies locales grâce au tourisme.
Ce n’est qu’une question de jours avant que nos pelouses ne soient complètement vertes. La Fondation David Suzuki lance une campagne afin que nos espaces gazonnés aient moins de répercussions sur la qualité des eaux, de l’air et des sols. Elle a choisi Montréal, Laval, Sherbrooke et Saint-Jérôme pour inciter les citoyens à penser autrement leurs carrés verts. Et les municipalités à agir.
Est-ce qu’on a trop de pelouse au Québec ? « On en a effectivement un peu trop », estime Maxime Fortin Faubert, un expert stagiaire en écologie urbaine de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), qui a collaboré à l’étude de la Fondation David Suzuki. Le rapport Partage ta pelouse, rendu public le 11 avril, est le fruit d’un travail de deux ans en collaboration avec l’organisme Nouveaux Voisins visant à identifier le potentiel vert de la province en transformant les pelouses. « On avait très peu de données sur les pelouses, c’est un écosystème très complexe. C’est vrai qu’on parle souvent du défi de la tondeuse et de laisser pousser les pissenlits au mois de mai. On pense qu’on peut facilement transformer une partie de nos espaces gazonnés en ajoutant des arbustes, des plantes indigènes, des prés fleuris et, pourquoi pas, en aménageant des aires de repos », explique M. Fortin Faubert.
Il faut faire la guerre au maudit gazon. Une part de la révolution verte passera par l’élimination de la traditionnelle pelouse, élément central mais écologiquement critiquable de l’aménagement urbain depuis plus d’un siècle ici comme dans le reste de l’Amérique du Nord.
L’arrosage des zones gazonnées compte pour le tiers de la consommation d’eau résidentielle aux États-Unis. Ces espaces faussement naturels reçoivent dix fois plus de pesticides par acre que les cultures agricoles, alors que ces produits nocifs anéantissent les abeilles pollinisatrices. En plus, la tonte de l’herbe favorise l’augmentation d’espèces nuisibles qui nécessitent toujours plus de pesticides dans un ridicule cercle très vicieux.
Bref, les pelouses consomment énormément de ressources pour finalement constituer un écosystème médiocre. Au Québec, le gazon accapare entre 8 % et 20 % de l’espace dans certaines grandes villes.
Graphique : Mathieu Coulis & Meryem El Jaouhari (CC)
C’est l’herbicide le plus utilisé au monde. C’est aussi un mot qui génère, dès qu’il est prononcé, d’intenses passions. Le glyphosate est utilisé en agriculture pour tuer les « mauvaises herbes », et ainsi limiter leurs effets négatifs sur les cultures. Ses effets sur l’homme et l’environnement restent eux sujets à débat dans la communauté scientifique. Dans la sphère politique, le récent renouvellement de son autorisation par l’UE a relancé les controverses.
Un impact du glyphosate sur la biodiversité difficile à étudier in situ
On parle beaucoup des effets du glyphosate sur la santé, mais son impact sur les écosystèmes et la biodiversité reste peu étudié. Pourtant ceux-ci peuvent être préoccupants : notre étude récente menée en Martinique a ainsi permis de montrer une diminution de la biodiversité de 21 % en moyenne dans les parcelles de banane fréquemment traitées avec du glyphosate.
Carte : Global Forest Watch
La planète a encore perdu en surface de forêt vierge tropicale l’équivalent de 10 terrains de football par minute en 2023, un niveau toujours élevé malgré une amélioration au Brésil et en Colombie.
L’an dernier, les régions tropicales ont perdu 3,7 millions d’hectares de forêt primaire, une superficie quasiment équivalente à celle de la Suisse, selon les données publiées jeudi par le World Resources Institute (WRI) avec l’université du Maryland.
Ce chiffre englobe des pertes pour des raisons diverses : déforestation pour l’agriculture, exploitation forestière, destruction accidentelle, incendies.
Il s’inscrit certes en baisse de 9 % par rapport à l’année précédente, avec une nette amélioration au Brésil et en Colombie, en partie compensée par des augmentations dans d’autres pays.
Photo : Northvolt
La façon de développer le projet de Northvolt contrevient à des cibles inscrites dans le cadre mondial pour la protection de la biodiversité signé à Montréal en 2022, estiment deux experts consultés par Le Devoir. Les gouvernements du Québec et du Canada se sont engagés à respecter cette entente conçue pour freiner le déclin du vivant sur Terre.
Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal a été adopté à Montréal en décembre 2022, lors de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15). Cet accord, issu de longues négociations, comporte 23 cibles élaborées pour encadrer l’action des États dans la lutte contre l’effritement de la vie sur la planète, considéré comme une crise aussi grave que les dérèglements climatiques.
Or, la façon dont s’implante le projet d’usine de Northvolt à l’heure actuelle soulève de sérieuses questions sur le respect d’« au moins cinq cibles », souligne Dominique Gravel, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie intégrative à l’Université de Sherbrooke.
Photo : Friedrich Böhringer via Wikimedia (CC BY-SA 2.5 DEED)
La biodiversité joue un rôle protecteur sur le fonctionnement des écosystèmes dans des conditions climatiques désavantageuses, selon deux études menées par des scientifiques du CNRS1 et leurs collègues allemands et chinois, à paraitre le 18 mars dans les revues Global Change Biology et PNAS.
Favoriser la biodiversité dans les forêts peut par exemple considérablement atténuer les conséquences du changement climatique sur le recyclage du carbone et de l’azote, un processus indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes forestiers et au stockage naturel du carbone dans les sols. Issu de la décomposition de la matière organique (feuilles et plantes mortes) par des microorganismes et la faune du sol, ce processus est ralenti dans des conditions climatiques plus sèches, telles qu’induites par le changement climatique.
Photo : Interval coop via Wikimedia (CC BY-SA 4.0 DEED)
Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a annoncé mercredi son intention de mettre en réserve le territoire du mont Kaaikop. Protéger ce territoire situé à la jonction des régions des Laurentides et de Lanaudière est l’objectif que poursuit sans relâche un groupe de citoyens depuis une décennie.
Pour Claude Samson, l’annonce du gouvernement est l’aboutissement de plusieurs années de lutte pour protéger le mont Kaaikop.
« On entre dans notre 12e année de militantisme pour préserver ce territoire-là », a indiqué le président de la Coalition conservation mont Kaaikop, à La Presse Canadienne.
En 2014, son groupe de citoyens avait obtenu gain de cause en Cour supérieure lorsqu’une juge avait ordonné au ministère des Ressources naturelles de suspendre son autorisation de coupes forestières.
Image : (CC0)
« Ça a été tout simplement un désastre social et économique pour le Canada », a déclaré le professeur de biologie à l’Université Simon Fraser de Burnaby, en Colombie-Britannique.
Pour ce titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la biodiversité marine et la conservation à cette université, et pour d’autres chercheurs, les évènements « notoires » de cette année-là offrent des leçons historiques sur les pratiques de pêche non durables qui trouvent encore un écho de nos jours.
Le professeur Dulvy fait partie des chercheurs du monde entier qui tirent la sonnette d’alarme sur les menaces qui pèsent sur les requins et les raies des grands fonds, à cause de la surpêche et de la demande internationale de chair et d’huile de foie de requin.
Photo : Kingfisher via Wikimedia (CC BY-SA 3.0 DEED)
La crise climatique frappe de plus en plus fort au Canada et l’écosystème arctique est particulièrement vulnérable aux impacts du réchauffement planétaire et à l’accroissement de l’activité industrielle qui risque d’en découler. Le gouvernement fédéral anticipe d’ailleurs des conséquences sur certaines espèces et compte inscrire deux nouvelles populations de mammifères marins en vertu de la Loi sur les espèces en péril.
Il a ainsi tenu au cours des derniers mois une consultation en vue d’ajouter à titre d’espèce « préoccupante » le phoque annelé et la population de bélugas de l’est du Haut-Arctique et de la baie de Baffin. Dans les deux cas, cette volonté d’inscription à la liste des espèces en péril au Canada découle de recommandations des scientifiques fédéraux formulées en 2019 et 2020.
« Les changements climatiques sont susceptibles d’avoir des répercussions à la fois sur le béluga et le phoque annelé. Ils modifient les habitats de ces deux espèces et représentent de multiples menaces à leur survie », résume Pêches et Océans Canada, dans une réponse écrite aux questions du Devoir.
Photo : Felipe Werneck/Ibama via Wikimedia (CC BY 2.0 DEED)
Une part importante de la forêt amazonienne, régulatrice cruciale du climat et réserve précieuse de biodiversité, pourrait franchir « un point de rupture » d’ici 2050 en raison de la sécheresse, des incendies et de la déforestation, avertit une étude publiée mercredi.
« Entre 10 et 47 % » de la surface de l’Amazonie « seront exposées à des perturbations cumulées susceptibles de déclencher des transitions écosystémiques inattendues et d’exacerber le changement climatique régional », estime l’étude publiée dans la revue Nature par un groupe international d’une vingtaine de chercheurs.
Sous la pression des « températures plus chaudes », des « sécheresses extrêmes », de « la déforestation », et de « l’érosion », jusqu’à près de la moitié de l’Amazonie atteindraient ainsi un « point de rupture » ou « point de bascule (tipping point en anglais, NDLR) », entraînant la forêt dans un cercle vicieux synonyme d’un potentiel effondrement des écosystèmes.
Photo : Jo Carletti via Wikimedia (CC BY-SA 4.0 DEED)
La menace la plus préoccupante est celle qui pèse sur les poissons migrateurs, 97% des espèces étant au bord de l'extinction.
Selon le tout premier rapport sur l'Etat des espèces migratrices dans le monde, les deux plus grandes menaces pesant sur toutes les espèces migratrices sont la surexploitation et la perte d'habitat due à l'activité humaine.
Amy Fraenkel, cheffe du Secrétariat de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), a souligné l'importance des habitats spécifiques.
« Elles voyagent régulièrement, parfois sur des milliers de kilomètres, pour atteindre ces endroits. Elles sont confrontées à d'énormes défis et menaces tout au long de leur voyage, ainsi qu'à leur destination, où elles se reproduisent ou se nourrissent », a-t-elle expliqué.
Photo : Chesna via Pixabay (Licence Pixabay)
Les plus récentes données sur le papillon monarque de l’Est montrent que sa population a chuté à un niveau très inquiétant pour la résilience de cette espèce qu’on peut observer pendant l’été au Québec. Le gouvernement fédéral a d’ailleurs finalement classé ce papillon comme étant « en voie de disparition », ce qui devrait normalement conduire à la protection d’espaces verts essentiels à sa survie.
La situation de ce grand migrateur vulnérable à la destruction de son habitat et aux répercussions de la crise climatique était déjà précaire depuis plusieurs années. Mais sa population vient d’encaisser une chute abrupte de 59 % en à peine un an.
Selon les données compilées notamment par le Fonds mondial pour la nature sur les sites d’hivernage du monarque, au Mexique, la population occupe cet hiver un espace totalisant à peine 0,9 hectare, contre 2,21 hectares l’an dernier. [...]
Photo : Sépaq
Le gouvernement Legault refuse de reconnaître l’existence du loup de l’Est au Québec, alors que ce canidé pratiquement inconnu dans la province est au seuil de l’extinction et que le gouvernement fédéral compte lui accorder le statut d’espèce « menacée ». Une telle désignation imposerait la mise en place de mesures d’interdiction de chasse et de piégeage dans son habitat, ce à quoi s’oppose le gouvernement caquiste.
Lorsqu’on évoque la présence du loup au Québec, on pense naturellement au loup gris. Cette espèce de canidé crainte par certains et ciblée par des trappeurs et des chasseurs est d’ailleurs un élément important de la santé de nos écosystèmes forestiers. Il existe toutefois une autre espèce distincte, le loup de l’Est, qui est méconnue et pourtant présente près de régions habitées dans le sud de la province.
Selon Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), ce canidé au pelage brun-roux, qui peut atteindre un poids de 29 kg, vit notamment dans la région du parc du Mont-Tremblant, du parc national de la Mauricie, de la réserve faunique de Papineau-Labelle, de la réserve faunique des Laurentides et de la ZEC Maganasipi. [...]
Photo : Arturo de Frias Marques via Wikimedia (CC BY-SA 4.0)
Malgré les espoirs de plusieurs communautés dans l’Arctique, il est peu probable que les ours polaires soient capables de s’adapter à une baisse du couvert de glace, car ils ne peuvent s’alimenter suffisamment sur la terre ferme, selon une nouvelle étude publiée mardi dans la revue Nature.
Un groupe de scientifiques américains et canadiens en sont arrivés à cette conclusion en suivant une vingtaine d’ours polaires dans leur recherche de nourriture dans l’ouest de la baie d’Hudson, au Manitoba.
Ils ont remarqué que, durant l’été, certains ours tentent de s’alimenter en cherchant des œufs d’oiseaux, des baies, des caribous ou des carcasses d’animaux sur le bord des plages.
Photo : Northvolt
Le gouvernement Legault a autorisé cette semaine Northvolt à détruire une superficie deux fois plus importante de milieux humides qu’un autre projet de construction refusé sur le même site il y a moins d’un an. Les experts du ministère de l’Environnement avaient alors justifié leur décision en insistant sur la richesse de la biodiversité du terrain, le caractère essentiel des milieux naturels pour la région et l’« impressionnante diversité » de la faune, dont la présence d’espèces menacées.
Le Devoir a obtenu l’autorisation accordée lundi à Northvolt pour lui permettre de détruire les milieux naturels du site de sa future usine de composantes de batteries de véhicules. On y constate que le projet « affectera » un total de 153 732 m2 de milieux humides, dont 15 570 m2 devront être restaurés d’ici fin 2032, mais sans donner davantage de précisions. Ce feu vert est conforme à la demande soumise par l’entreprise suédoise.
Le gouvernement Legault vient d’autoriser Northvolt à raser les milieux naturels du site de la future usine, qui a échappé à une évaluation environnementale. L’entreprise, qui compte commencer ses travaux dans les prochains jours, estime que 8000 arbres devront être abattus, en plus des nombreux milieux humides qui seront détruits. Le terrain abritait jusqu’à présent une riche biodiversité.
Selon ce que Northvolt a annoncé mardi matin, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) lui a accordé « un permis d’intervention en milieux humides et hydriques ». Quelque 130 000 mètres carrés de milieux humides disparaîtront donc pour faire place au site de cette usine financée par Québec et Ottawa.
Il ne manque qu’un permis de construction délivré par la Ville de Saint-Basile-le-Grand, favorable au projet, pour que débutent la coupe des arbres et le nivelage du terrain, a aussi affirmé l’entreprise, qui a organisé une rencontre avec des médias pour présenter des détails des travaux à venir.
Photo : Sépaq
Les coupes forestières industrielles menées au Québec sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés ont sérieusement perturbé les habitats nécessaires à la survie du caribou forestier, constate une nouvelle étude scientifique internationale, qui conclut que 11 des 13 populations de la province sont aujourd’hui à « risque » de disparition.
L’étude, publiée par l’éditeur MDPI et à laquelle des chercheurs québécois ont participé, a permis de comptabiliser les coupes forestières réalisées en forêt boréale en Ontario et au Québec entre 1976 et 2020.
Elle fait ainsi état de coupes qui ont touché un peu plus de 82 000 km2 uniquement au Québec, principalement dans ce qui était auparavant constitué des plus vieilles forêts de la province.
Carte : Ressources naturelles et Forêts Québec
La ruée vers les permis d’exploration minière s’est poursuivie en 2023 au Québec, avec l’ajout de plus de 83 000 nouveaux « claims miniers ». La multiplication de ces droits accordés à l’industrie touche d’ailleurs toutes les régions de la province et elle risque de menacer des projets de protection de la biodiversité. Le gouvernement Legault promet toutefois le dépôt d’un projet de loi afin d’assurer un développement « plus harmonieux » de la filière.
Selon les données fournies au Devoir par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), on comptait pas moins de 347 955 permis d’exploration minière au Québec en date du 20 décembre 2023. C’est 83 382 permis de plus qu’au 1er janvier 2023 et 165 155 de plus qu’au 31 mars 2021.
La superficie du territoire québécois recouverte de « claims miniers » dépasse désormais les 176 000 km2, soit plus de 10 % du Québec, ou encore 400 fois la superficie de l’île de Montréal. Et la croissance du nombre de permis se poursuit. Selon une carte datée du 4 décembre 2023, on dénombrait 2665 demandes de permis supplémentaires, dont 1265 permis octroyés par le gouvernement entre le 4 décembre et le 20 décembre.
Photo : hww.ca
Des données récentes suggèrent que la plus petite des grenouilles présentes au Québec pourrait en réalité être une espèce unique au monde. Or, la rainette faux-grillon est au bord de l’extinction, selon un rapport du ministère de l’Environnement dévoilé en catimini mercredi.
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a publié discrètement mercredi un important rapport portant sur la viabilité des populations de la rainette faux-grillon de l’Ouest au Québec. L’analyse conclut que tout près de la moitié des populations de cette espèce « ont déjà disparu ou sont susceptibles de l’être ».
Un autre habitat de la rainette faux-grillon, une espèce de plus en plus menacée, a été détruit au Québec. Mais cette fois, l’entreprise responsable des dégâts devra payer une amende de 25 000 $ pour avoir enfreint le décret fédéral qui protégeait le site.
Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a indiqué mardi par voie de communiqué que Les Entreprises Antoine Stabile et fils ont plaidé « coupables » à un chef d’accusation pour avoir enfreint les interdictions prévues au décret d’urgence visant la protection de la rainette faux-grillon de l’Ouest.
Concrètement, cette entreprise spécialisée dans les services liés aux chantiers de construction a fait circuler à l’automne 2022 de la machinerie lourde dans une zone située à La Prairie et protégée par un décret fédéral depuis 2016.
Photo : Sépaq
Un an après la conférence mondiale sur la biodiversité de Montréal, des dangers perdurent pour des espèces menacées. Le Devoir vous présente cinq dossiers à surveiller dans la province.
Une « stratégie » pour les caribous
Après des années de reports marquées par le déclin inquiétant de plusieurs hardes de caribous forestiers, le gouvernement Legault promet de présenter, avant la fin de 2023, une « stratégie » visant à prévenir la disparition de l’espèce. La présentation a été repoussée de quelques mois en raison des feux qui ont frappé les forêts québécoises. Mais ces incendies ont épargné l’essentiel des 35 000 km2 de territoires prioritaires à protéger pour stopper la chute du cervidé, selon une analyse de la Société pour la nature et les parcs du Québec.
Plus tôt cette année, des nations innues ont sévèrement critiqué le gouvernement Legault, accusé de préparer une véritable « stratégie d’extinction » du caribou forestier. « Nous attendons toujours la stratégie d’ici la fin de l’année », indique le cabinet du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault. Ce dernier avait évoqué la possibilité d’imposer la protection des habitats essentiels pour l’espèce par décret si Québec n’agissait pas.
Photo : CC0
D’abord, les camions sont arrivés, transportant des hommes armés vers le sommet d’une montagne enveloppée de brume. Puis les flammes sont apparues, dévorant une forêt de pins et de chênes imposants.
Après l’incendie qui a ravagé la forêt l’année dernière, les camions sont revenus. Cette fois, ils transportaient les plants d’avocats qui ont pris racine dans les vergers éparpillés sur le sommet autrefois couvert d’arbres, où les habitants avaient l’habitude de cueillir des champignons.
« Nous n’avions jamais observé un incendie de cette ampleur auparavant », raconte Maricela Baca Yépez, 46 ans, fonctionnaire municipale et résidante de longue date de Patuán, petite ville nichée sur les plateaux volcaniques où les membres de la nation purépecha vivent depuis des siècles.
Carte : Conseil de la Première Nation Innus d’Essipit
Les Innus d’Essipit, une communauté située à proximité des Escoumins, sur la Côte-Nord, veulent protéger 30 % de leur Nitassinan, leur territoire ancestral lentement grugé par l’industrie forestière et le développement récréatif.
Ce dernier s’étend de la rivière Saguenay, à l’ouest, jusqu’à la rivière Portneuf, à l’est. Le Saint-Laurent délimite la frontière sud de ce territoire. Au nord, le Nitassinan de la Première Nation d’Essipit commence à Saint-Fulgence, jusqu’à contourner les lacs Moncouche et Laflamme, tous deux situés dans le territoire forestier non organisé de Mont-Valin.
Un an après avoir participé à la COP15 de Montréal sur la biodiversité, le Conseil de la Première Nation affiche son ambition de créer un réseau d’habitats connectés et protégés à l’intérieur de 30 % de son territoire. « Nous voulons protéger et relier les secteurs d’importance pour notre communauté, pour les espèces comme le caribou et pour la biodiversité en général », explique Michael Ross, le directeur au développement et au territoire de la Première Nation des Innus d’Essipit. « Nous visons la mise en place d’un véritable réseau de conservation sur notre Nitassinan. »
Photo : Thomas Hubauer via Flickr (CC-BY-SA 2.0)
Les orques, également appelées épaulards, sont connues pour leur intelligence et leur présence impressionnante. Elles sont également confrontées à une menace silencieuse, mais persistante, sous la surface de nos océans.
Mes recherches sont consacrées aux orques et à leur régime alimentaire dans l’Atlantique Nord. D’autres études se sont déjà penchées sur les populations de l’océan Pacifique. Jusqu’à présent, il n’existait que très peu de données sur celles de l’Atlantique Nord, particulièrement pour celles de l’est du Canada et de l’Arctique canadien.
En collaboration avec d’autres chercheurs internationaux, j’ai récemment publié une étude dans Environmental Science & Technology qui révèle une réalité troublante : ces prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire transportent des taux élevés de polluants organiques persistants (POPs) dans leur graisse. L’accumulation de ces contaminants synthétiques entraîne des risques pour leur santé.
Photo : Northvolt
Les clairons de la fête n’avaient pas encore poussé leur dernier cri, pour souligner l’arrivée prochaine de la suédoise Northvolt dans la filière batterie du Québec, que, déjà, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, devait refouler une pluie de soupçons. La multinationale bénéficie-t-elle d’un traitement de faveur qui lui permet de pousser ce développement économique en survolant ses obligations environnementales ?
Depuis quelques semaines, les journalistes de plusieurs médias, dont Le Devoir, renseignent assidûment la population quant aux impacts potentiels sur la biodiversité de l’installation en Montérégie de la méga-usine de fabrication de batteries de Northvolt. Certains d’entre eux ont eu recours à la Loi sur l’accès à l’information pour dénicher des renseignements précieux, comme la quantité de milieux humides ou d’espèces en péril sur le site visé. Heureusement que cette ténacité et cette quête de transparence existent, car s’il fallait se fier aux protagonistes de cette histoire économique à succès pour être informés sur les impacts scientifiques et environnementaux du projet de 7 milliards de dollars, nous resterions sur notre faim.
Nous, scientifiques, spécialistes et parties prenantes du secteur de la recherche en biodiversité, appuyés par des experts du climat, nous inquiétons du manque d’informations, de transparence et de rigueur scientifique qui entoure le projet de Northvolt. Le site sélectionné pour la construction de la giga-usine de Northvolt est un refuge pour la biodiversité, exempt d’occupation humaine. On y trouve l’un des derniers milieux humides de la région, qui abrite de nombreuses espèces fauniques, dont huit sont menacées et légalement protégées, comme les hirondelles de rivage, dont la population a chuté de 99 % entre 1970 et 2019. Pourquoi le développement économique et la lutte contre la crise climatique impliquent-ils le sacrifice, sans explication, de la biodiversité ?
Photo : Sépaq
Les caribous de la Gaspésie sont au seuil de la disparition, et des braconniers ont abattu le mois dernier une des dernières femelles de cette population d’environ 30 bêtes. Le gouvernement n’a pas voulu s’avancer lundi sur d’éventuelles mesures de protection visant à prévenir l’extinction du cheptel, tout en réitérant que la « stratégie » de protection des caribous sera déposée sous peu.
Selon les informations publiées lundi par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), des agents de protection de la faune ont saisi de la viande de ce caribou et ont rencontré des « suspects » qui auraient abattu l’animal.
Le caribou tué était porteur d’un collier télémétrique. « Il s’agit de l’une des femelles capturées et mises en enclos à l’hiver 2023. Elle a été libérée avec les autres femelles à la fin du mois d’août après les recommandations d’un comité scientifique consultatif externe », précise le ministère dans son communiqué.
Photo : Radio-Canada
Les forêts de la Péninsule acadienne disparaissent de jour en jour sous les coups des abatteuses mandatées par le gouvernement du Nouveau-Brunswick. Cet automne, une marée rouge à perte de vue révèle l’étendue des champs de bleuets, que de nombreux citoyens et des environnementalistes ne sont pas en mesure d’arrêter.
Les bleuetières engloutissent les forêts de la Péninsule acadienne. Déjà, 8000 hectares ont été rasés dans le secteur le plus exploité, l’équivalent de plus de 11 000 terrains de soccer. Présentées par le gouvernement comme le nouveau moteur économique de la région, des citoyens inquiets y voient plutôt un désastre écologique d’une ampleur difficile à mesurer. La déforestation guette maintenant l’ultime oasis de verdure de la région : l’ancien champ de tir de Tracadie. La superficie des bleuetières pourrait alors tripler.
« Ça n’a aucun sens. Ça démontre à quel point l’humain est avare », se désole Christian Brideau en voyant les images aériennes tournées au-dessus des terres de la Couronne, à l’ouest de Tracadie.
Carte : Bourrichon via Wikimedia (CC BY-SA 3.0 DEED)
De plus en plus de navires traversent le passage du Nord-Ouest, dans l’océan Arctique. Le réchauffement climatique a ouvert un corridor aux navires en faisant fondre la glace.
« C’est en train de se réaliser à un rythme fou », lance Bernard Funston, ancien président de la Commission canadienne des affaires polaires.
Selon des données d’un groupe de travail du Conseil de l’Arctique, le nombre de bateaux ayant traversé l’Arctique canadien a grimpé de 35 % de 2016 à 2022, atteignant 212.
Photo : Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC) (CC BY-NC-ND 2.0)
La population de baleines noires de l'Atlantique Nord, en danger critique d'extinction, semble s'être stabilisée, selon des données mises à jour par des scientifiques canadiens et américains.
Chaque automne, le Consortium des baleines noires de l'Atlantique Nord publie sa meilleure estimation de la population de la grande baleine la plus menacée au monde.
Les scientifiques ont déclaré lundi que l'estimation de 340 baleines noires de l'Atlantique Nord effectuée pour 2021 a été recalculée à 365, principalement en raison du nombre de baleineaux nés cette année-là. L’estimation pour 2022 est de 356.
Bien que les résultats soient positifs, les baleines sont toujours en danger en raison des collisions avec les navires et des enchevêtrements dans les engins de pêche, explique Phillip Hamilton, scientifique principal au Centre Anderson Cabot pour la vie océanique de l'Aquarium de la Nouvelle-Angleterre.
Photo : Ville de Saint-Basile-le-Grand
Northvolt est prête à raser les zones boisées et les milieux humides situés sur le site de sa future usine, a appris Le Devoir. Ces travaux, qui détruiront des habitats d’espèces menacées, ont été planifiés avant même que le mégaprojet financé par des fonds publics obtienne les autorisations environnementales nécessaires. Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, juge que la situation est « normale ».
Le Devoir a obtenu les détails des travaux que la multinationale compte réaliser d’ici la fin de l’année en vue de préparer le terrain qu’elle vient d’acquérir grâce à un prêt de 240 millions de dollars d’Investissement Québec pour la construction de son usine de composantes de batteries de véhicules en Montérégie.
L’entreprise Northvolt dit avoir fait un « inventaire complet » des espèces menacées qui se trouvent sur le site de sa future usine et elle confirme la présence d’espèces fauniques en péril. Mais elle a refusé de transmettre au Devoir les rapports qui auraient été rédigés. Même réponse du côté du gouvernement du Québec, qui n’a toujours pas décidé si le projet sera soumis à l’évaluation environnementale habituellement imposée aux projets industriels majeurs.
Le projet d’usine de composants de batteries électriques, financé par les gouvernements du Québec et du Canada, sera construit sur un terrain en friche où se trouvent des zones boisées et des milieux humides abritant des dizaines d’espèces fauniques. Au moins 13 d’entre elles sont inscrites sur la liste fédérale des espèces en péril, selon des données obtenues auprès du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) du Québec.
Dans une réponse écrite aux questions du Devoir, Northvolt dit avoir réalisé son propre « inventaire complet de la faune et de la flore vulnérables ou menacées », en se basant sur les critères du ministère québécois. L’exercice aurait été mené « par des biologistes spécialisés, qui ont passé plus de 500 heures sur le terrain entre juin et septembre ».
Photo : Delphine Ménard via Wikimedia (CC BY-SA 2.0)
Dans les laboratoires d'Innovation maritime, centre de recherche appliquée affilié à l’Institut maritime du Québec (IMQ), des experts en acoustique développent des solutions pour réduire les vibrations et les sons sous-marins générés par les navires qui sillonnent le fleuve Saint-Laurent.
« On fait sur un navire un peu comme dans un studio de son où des plaques sur des murs absorbent le son », explique Jean-Christophe Gauthier-Marquis, chef d'équipe responsable de l'acoustique et des vibrations d'Innovation maritime, concernant le développement d'amortisseurs pour les navires. « Ça ressemble à une suspension qu’on mettrait sur les sources principales de bruit. »
Photo : William H. Majoros via Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
Le site de la future usine de Northvolt est un habitat important pour des dizaines d’espèces fauniques, selon ce qui se dégage des données obtenues par Le Devoir. Au moins huit espèces menacées et légalement protégées ont été recensées sur ce terrain, qui compte aussi l’un des derniers milieux humides de la région.
Le projet industriel financé par les gouvernements du Québec et du Canada sera construit sur un vaste terrain situé le long de la rivière Richelieu où se trouvent des zones boisées et des milieux humides. Il s’agit d’ailleurs d’un des rares milieux en friche de cette région.
Selon des données fournies au Devoir par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), on y a recensé de nombreuses espèces fauniques, dont au moins 13 sont inscrites sur la liste des espèces en péril du gouvernement fédéral.
Photo : Ville de Québec
Même si elle compte construire 80 000 logements un peu partout sur son territoire d’ici 2040, l’agglomération de Québec promet que cela ne se fera pas au détriment de ses milieux humides d’intérêt qu’elle compte protéger à hauteur de 98 %.
« C’est 38 fois la superficie des plaines d’Abraham qu’on protège. C’est un plan ambitieux », s’est exprimé la vice-présidente du comité exécutif, Marie-Josée Asselin, lundi matin, en point de presse.
Cette dernière présentait le projet de Plan régional des milieux humides et hydriques (PRMHH) qui sera déposé cette semaine au gouvernement du Québec. Le palier provincial devra l’avaliser dans les prochains mois.
Photo : Les Amis de la Forêt seigneuriale de Lotbinière
Des aires protégées contribuent-elles à lutter contre le déclin de la biodiversité? Il semble qu’elles ralentissent ce déclin —mais elles n’inversent pas le processus.
Le déclin serait, en moyenne, de quatre à cinq fois moins rapide chez les espèces de vertébrés qui vivent dans une aire protégée, par rapport aux mêmes espèces vivant dans des habitats qui ne sont pas officiellement protégés contre l’urbanisation ou l’expansion des terres agricoles.
Mais cela signifie que le déclin des populations se poursuit tout de même: chez les vertébrés vivant dans de telles zones protégées, il est de 0,4% par an, contre 1,8% pour les autres.
Photo : Mario Hains via Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
Les destructions illégales de milieux humides se multiplient dans toutes les régions du Québec même si ceux-ci sont essentiels à la biodiversité et à la lutte contre les changements climatiques. Entre 2018 et 2022, ce sont 3,3 millions de mètres carrés qui ont été rayés de la carte sans la moindre autorisation, a appris La Presse.
En quatre ans, c’est donc une superficie équivalant à une fois et demie celle du parc du Mont-Royal qui a été détruite sans aucune autorisation ministérielle, révèlent des données du ministère québécois de l’Environnement, obtenues par La Presse en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
Toutes les régions sont touchées, même Montréal et Laval, où les milieux humides sont de plus en plus rares.
Photo : Steeve Côté/COSEPAC, Service canadien de la faune
Les changements climatiques ne sont pas les principaux responsables du déplacement vers le nord de l’aire de répartition du caribou forestier, au Québec, conclut une étude publiée mardi dans la revue Global Change Biology, renforçant le consensus scientifique sur le rôle des activités humaines dans le déclin du cervidé emblématique.
De 1850 à 2010, la limite sud de l’aire de répartition du caribou n’aurait reculé que d’environ 105 kilomètres, au lieu de 620, si l’unique facteur en cause avait été le déplacement vers le nord des conditions climatiques propices à l’espèce, ont calculé les auteurs.
Les changements climatiques n’expliquent donc « qu’environ 17 % du recul observé » de la distribution du caribou en 160 ans, constate l’étude réalisée par des chercheurs de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), du Service canadien des Forêts, de l’Université du Québec à Montréal et du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec.
Graphique : Gerardo Ceballos & Paul R. Ehrlich, via PNAS
Avec la disparition rapide de nombreuses espèces animales, les humains provoquent la perte de branches entières de l'« arbre de la vie », selon une nouvelle étude publiée lundi qui alerte sur la menace d'une sixième extinction de masse.
La crise de la biodiversité « est aussi grave que le changement climatique », mais pas aussi connue du grand public, regrette Gerardo Ceballos, professeur à l'Université nationale autonome du Mexique et co-auteur de cette étude publiée dans la revue PNAS.
Or, il y a « urgence », car ce qui est en jeu est « l'avenir de l'humanité », a-t-il déclaré à l'AFP.
De nombreuses études existent déjà sur les disparitions d'espèces, mais la spécificité de celle-ci est de s'être penchée sur l'extinction de genres entiers.
Graphique : Stockholm Resilience Centre
La pollution et l'exploitation des ressources naturelles par l'humanité continuent de pousser la Terre au-delà de ses capacités de résilience: six seuils écologiques sont désormais dépassés et deux autres sont en passe de l'être, avertit l'actualisation mercredi de l'étude de référence sur le concept des neuf «limites planétaires».
Le changement climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, la quantité de produits chimiques synthétiques (dont les plastiques), la raréfaction de l'eau douce et l'équilibre du cycle de l'azote sont les six limites largement franchies, annonce l'étude menée par une équipe internationale de 29 scientifiques.
Deux autres -- l'acidification des océans et la concentration des particules fines polluantes dans l'atmosphère -- sont proches des seuils d'alerte. Seul l'état de la couche d'ozone reste en dessous, avec une bonne marge.
Ces «limites planétaires», correspondant à des seuils à ne dépasser dans neuf domaines pour que les écosystèmes évoluent dans une «zone de fonctionnement sûre» à même de garantir l'habitabilité de la Terre, ont été définies en 2009 par le Stockholm Resilience Centre.
Photo : AnemoneProjectors via Wikimedia (CC BY-SA 2.0)
Selon Conservation de la nature Canada, L’Isle-aux-Grues est reconnue comme un haut lieu de biodiversité au Québec, car plus de 200 espèces d’oiseaux y nichent ou utilisent ses habitats lors des migrations. Elle est reliée à l’île aux Oies, par une batture, soit le haut marais. Il s’agit du secteur où un projet majeur fut initié il y a quelques années afin de chasser une plante envahissante qui a intégré le milieu et menace la biodiversité.
Selon Sabrina Doyon, chargée de projets pour la région de Chaudière-Appalaches à Conservation de la nature Canada, le phragmite ou le roseau commun est une plante exotique envahissante qui est plutôt rependue. On la retrouve dans les milieux naturels et en tropique, donc souvent en bordure de route, mais aussi dans les milieux humides. Il s’agit d’une plante qui n’est pas indigène, donc elle ne provient pas d’ici, mais plutôt d’Asie. « Le principal enjeu avec les plantes exotiques envahissantes, c’est qu’elles sont extrêmement compétitives. Lorsqu’elles sont introduites dans les milieux naturels, elles vont prendre tout l’espace disponible. Il y a vraiment une perte de biodiversité importante lorsque la plante entre dans le milieu. » [...]
Des travaux de contrôle de plantes exotiques envahissantes (PEE) débuteront cet automne dans le secteur Montesson à Bécancour. D’une durée de deux ans, ils viseront à contrôler les colonies de roseaux communs (phragmites) et de renouée du Japon, deux plantes exotiques envahissantes qui se propagent à une vitesse impressionnante et compromettent l’intégrité des milieux humides.
Cet automne, des travaux de coupes, de retraits des PEE et d’installation de toiles géotextiles, afin d’empêcher la repousse, seront réalisés sur les sites à contrôler. La deuxième phase des travaux se poursuivra l’an prochain. Ils permettront de s’assurer que le géotextile demeure en place, et une plantation d’arbustes indigènes sera réalisée pour lutter contre ces plantes envahissantes.
Photo : Dereckson via Wikimedia (CC BY 4.0)
Il y aurait 37 000 espèces exotiques envahissantes dans le monde selon le rapport publié lundi par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques de l’ONU.
Le Québec n’est pas épargné par ces invasions. Les ministères gardent à l’œil une centaine d’espèces considérées comme des menaces écologiques ou économiques.
Voici certaines des plus préoccupantes pour la biodiversité.
C'est une menace quasi invisible, mais pourtant bien réelle : les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont au cœur du prochain rapport de l'IPBES, l'équivalent du GIEC pour la biodiversité, qui sera publié lundi pour alerter sur le phénomène et réfléchir sur les moyens d'y faire face.
Très adaptables, ces animaux ou ces plantes, introduits volontairement ou non par l'homme, prolifèrent, supplantent ou chassent les espèces indigènes, allant jusqu'à en faire disparaître certaines et provoquant des impacts multiples, souvent insoupçonnés avant qu'il ne soit trop tard.
Les espèces envahissantes sont l'un des « facteurs directs de perte de biodiversité à l'échelle mondiale », avec le changement climatique ou la pollution par exemple, rappelle l'IPBES, panel international d'experts réunis sous l'égide de l'ONU.
Photo : Les Amis de la Forêt seigneuriale de Lotbinière
Québec ajoute quelque 3000 km2 d’aires protégées dans le sud de la province, s’attaquant au « déficit » de protection de la biodiversité dans cette portion du territoire, mais le caribou pourrait devoir attendre aux Fêtes avant de voir la protection de son habitat renforcée.
Onze nouveaux territoires totalisant plus de 2100 km2 ont officiellement été « mis en réserve » à la mi-août et quatre autres totalisant 850 km2 le seront prochainement, annoncera ce mercredi le gouvernement Legault.
L’essentiel de ces futures aires protégées se trouve dans le Bas-Saint-Laurent, en Abitibi-Témiscamingue, en Outaouais et sur la Côte-Nord, là où la superficie de territoire protégé est plus faible que dans le nord de la province.
Photo : GREMM
Le gouvernement Legault a autorisé la Société des traversiers du Québec (STQ) à draguer et à rejeter des sédiments pendant les dix prochaines années dans un habitat essentiel du béluga du Saint-Laurent. Il n’existe toutefois aucune étude scientifique permettant d’évaluer les effets des opérations de dragage sur cette espèce en voie de disparition.
La zone du quai de Rivière-du-Loup est soumise à une importante sédimentation, ce qui oblige la STQ à draguer des sédiments année après année, afin de maintenir la profondeur d’eau nécessaire pour assurer le service de traversier qui relie cette municipalité à celle de Saint-Siméon, dans Charlevoix.
C’est la raison pour laquelle la société d’État a demandé l’autorisation de pouvoir effectuer de tels travaux chaque année jusqu’en 2033. Au terme d’un processus incluant un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, le gouvernement Legault a jugé que le projet est « acceptable sur le plan environnemental ». Il a donc publié le « décret » d’approbation le 12 juillet.
Photo : Ministère de la Crise climatique et de la Protection Civile, Gouvernement grec via Facebook
L'ampleur des dégâts provoqués par les incendies dans deux poumons verts de la Grèce n'est pas encore connue que déjà des inquiétudes s'élèvent sur la capacité de ces forêts à surmonter cet énième sinistre et, pour la richesse naturelle, à être ravivée.
Une nouvelle vague de feux a ravagé depuis une semaine deux parcs nationaux à la biodiversité rare.
En juillet, ce furent les îles de Rhodes, de Corfou et d'Eubée et une partie de l'Attique, la région qui entoure Athènes, qui ont été la proie des flammes.
Dans le nord-est de la Grèce, dans le parc Natura 2000 de Dadia, mondialement connu pour ses rapaces, « la dévastation écologique sera incalculable après cet incendie » déclenché le 19 août, prédit le maire de la petite ville de Soufli, Panagiotis Kalakikos.
Photo : Fguerraz via Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
Les manchots empereurs seront-ils la première espèce polaire à disparaître en raison du réchauffement climatique ? Une étude scientifique parue jeudi constate quoi qu’il en soit une mortalité totale et « sinistre » des poussins dans plusieurs colonies de l’Antarctique, à la suite de la fonte record de la banquise ces derniers mois.
Sur cinq colonies surveillées dans la région de la mer de Bellingshausen, à l’ouest de l’Antarctique, toutes sauf une ont subi une perte « catastrophique » de 100 % de poussins, qui se sont noyés ou sont morts de froid lorsque la glace a cédé sous leurs minuscules pattes. Ils n’étaient pas assez matures pour affronter de telles conditions, rapportent les chercheurs dans Communications : Earth & Environment, une revue du groupe Springer Nature.
« Il s’agit du premier échec majeur de la reproduction des manchots empereurs dans plusieurs colonies en même temps en raison de la fonte des glaces de mer, et c’est probablement un signe de ce qui nous attend à l’avenir », a déclaré à l’AFP l’auteur principal Peter Fretwell, chercheur au British Antarctic Survey.
Photo : Alfokrads via Wikimedia (CC BY-SA 4.0)
Connaissez-vous le vaquita ? Si ce n’est pas le cas, faites vite, puisque ce très petit marsouin risque de devenir la prochaine victime des effets néfastes de l’activité humaine sur les milieux marins.
Le comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI), qui suit notamment l’évolution des populations de cétacés, vient en effet de lancer une « alerte d’extinction » concernant cette espèce dont l’aire de répartition se limite au golfe de Californie. Et pour cause. La plus récente évaluation de sa population, réalisée en mai dernier, estime à 10 le nombre de ces cétacés encore vivants, alors qu’ils étaient plus de 500 au début des années 2000.
Selon les experts de la CBI, les causes de l’effondrement de l’espèce sont bien connues, ainsi que les solutions pour éviter l’extinction. La disparition de ce cétacé d’à peine plus d’un mètre découle des pratiques de pêche illégales du totoaba au filet maillant qui ont cours au Mexique. La vessie de ce poisson se vend jusqu’à 8000 $ en Chine pour ses prétendues propriétés médicinales.
Photo : Ibex73 via Wikimedia (CC BY-SA 4.0)
La vague de chaleur qui s’est abattue sur Terre-Neuve-et-Labrador plus tôt cet été et le réchauffement de l’océan entraînent de sérieuses conséquences sur les oiseaux marins, selon le biologiste Bill Montevecchi, de l’Université Memorial.
« C’est absolument énorme. En pensant à la grippe aviaire l'année dernière, nous avons eu des mortalités massives d'oiseaux. Des dizaines de milliers d'oiseaux à Terre-Neuve seulement sont morts l'année dernière », affirme M. Montevecchi.
La chaleur est particulièrement difficile pour les oiseaux marins parce qu’ils nichent sur des falaises exposées au soleil. La chaleur peut nuire à leurs œufs.
Photo : Société de Conservation, d’Interprétation et de Recherche de Berthier et ses Îles (SCIRBI)
La perte du sauvage est telle sur Terre que la protection des écosystèmes encore intacts ne suffira pas à mettre un terme à l’effondrement de la biodiversité. Pour y arriver, il faudra aussi restaurer 30 % des milieux déjà dégradés d’ici 2030, ont convenu les 196 pays signataires du Cadre mondial de la biodiversité. Au Québec, les efforts de restauration progressent. Mais jusqu’à quel point peut-on réensauvager le monde ? Visite et discussion.
Les deux bottes de caoutchouc bien plantées dans le sol boueux, le biologiste Alexandre Nicole cache mal sa fierté au milieu de la prairie qui fleurit dans l’île du Mitan, au cœur du Saint-Laurent, en amont du lac Saint-Pierre. « C’est un terrain de jeu incroyable », dit celui qui travaille ici à temps partiel depuis 10 ans.
Rien n’y paraît, sinon peut-être une grange ou deux dans le paysage, mais jusqu’en 2020, des agriculteurs faisaient encore pousser du maïs et du soya sur ces terres. [...]
Photo : Mario Hains via Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
Construction d’un Costco, d’un concessionnaire automobile, de maisons unifamiliales: Québec donne son aval à presque la totalité des projets qui détruisent des milieux humides, a appris notre Bureau d’enquête.
D’août 2017 à décembre dernier, Québec a autorisé 1331 projets en milieu humide ou hydrique, en échange d’une compensation financière. Or, il n’en a refusé que 29. Ce sont donc quelque 98% des demandes affectant un tel milieu qui ont été acceptées depuis l’adoption de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, en juin 2017.
Pourtant, le ministère de l’Environnement reconnaît lui-même sur son site web que la compensation financière devrait être une solution de «dernier recours», l’objectif premier étant d’éviter la destruction des écosystèmes.
Photo : Amélie Prévost-Michaud via Facebook
Un citoyen de Magog qui a reçu un avis d’infraction de la municipalité pour avoir laissé la végétation dépasser 15 cm sur son terrain ne recevra finalement pas d’amende. Le règlement dictant cette hauteur maximale sera discuté à l’automne, a fait savoir la Ville.
« Ça n’ira pas plus loin. Je n’aurai pas besoin de passer la tondeuse : je n’ai pas de tondeuse », s’est réjoui Mathieu Roy en entrevue téléphonique lundi matin, quelques minutes après le passage d’une urbaniste de la Ville à sa résidence du quartier des Tisserands, à Magog.
« Vous devez couper l’herbe haute et les broussailles sur l’ensemble de votre propriété et prévoir quelques tontes annuelles afin de vous conformer à la réglementation municipale », lui a ordonné un avis d’infraction reçu de la Ville daté du 1er août.
Photo : Steeve Côté/COSEPAC, Service canadien de la faune
Dans un enclos de 14 hectares au sud de Val-d’Or subsistent neuf caribous forestiers. Une trace infime du troupeau qui dominait autrefois les forêts de la région. Leur sort est-il déjà scellé ? Texte un de trois sur les caribous de Val-d’Or.
Il fut un temps où, sur un pan de la route 117, une série de panneaux alertait les automobilistes quant à la présence de caribous dans les environs. Aujourd’hui, on n’en trouve plus. Le long du chemin qui relie Le Domaine et Val-d’Or, ils ont été remplacés par des losanges marqués de camions chargés de bois.
Sur ce tronçon de route bordé de part et d’autre par la réserve faunique La Vérendrye, les remorques forestières se succèdent. Le Devoir en a croisé près d’une dizaine en prenant la route de l’Abitibi-Témiscamingue pour aller à la rencontre des derniers caribous de Val-d’Or. Elles filent à vive allure vers le sud, ballottées de gauche à droite, sur un chemin d’asphalte lézardé par le temps. Sur leur dos, des dizaines de billots de bois en provenance de la forêt boréale laissent derrière eux copeaux et retailles d’écorce.
Les Québécois sont favorables à des mesures plus importantes pour protéger le caribou des bois. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université Laval, la population appuierait même une réduction du volume de récolte de bois alloué par Québec à l’industrie, à condition qu’elle permette le rétablissement de cette espèce menacée.
« Même si des millions sont nécessaires »
Daniel Fortin, professeur à la Faculté des sciences du génie, et Jérôme Cimon-Morin, professeur adjoint à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval, viennent de publier une analyse dans la revue Science of the Total Environment qui se penche sur les perceptions du public quant aux mesures de protection pour le caribou forestier, une espèce menacée. L’étude s’appuie notamment sur un sondage mené auprès de 1000 personnes. L’une des principales conclusions, c’est que les Québécois « s’attendent à ce que les mesures de conservation soient suffisantes pour rétablir les populations de caribous, même si des millions sont nécessaires et que des emplois sont perdus dans le processus », écrivent les deux chercheurs. Rappelons que l’ancien chef du parti libéral Philippe Couillard avait déclaré en campagne électorale, en 2014, qu’il ne sacrifierait « pas une seule job dans la forêt pour les caribous ».
En Gaspésie, la mort d'une femelle et de deux faons caribous gardés en captivité inquiète des biologistes, qui pressent Québec d'agir pour protéger cette espèce.
Six caribous avaient été placés en enclos l’hiver dernier, dont deux femelles gestantes qui ont perdu leurs faons au printemps. Une de ces femelles est aussi décédée à la suite de la mise bas.
Martin-Hugues St-Laurent, professeur titulaire d'écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski, n'est pas surpris de ces résultats.
« C’est sûr que si on met quinze ou vingt femelles en enclos et que 90 % de ces femelles-là sont gestantes, la probabilité de voir une augmentation rapide de la population est là. Toutefois, si, comme en Gaspésie, on ne place que six individus en enclos, dont seulement deux femelles sont gestantes, il ne faut pas s’attendre à des miracles », explique-t-il.
Photo : Craig Goettsch via Flickr (CC BY 2.0)
Le gouvernement du Canada, qui s'est engagé devant la communauté internationale à protéger 30 % des terres et des océans d'ici 2030, a annoncé mardi un investissement de 1,48 million de dollars pour la protection et la restauration de milieux naturels dans les basses terres du Saint-Laurent.
Ce financement, qui s'échelonnera jusqu'en 2027, s'ajoute à l'enveloppe de 250 000 $ qu'avait déjà accordée le fédéral pour la première étape du projet, de 2020 à 2023.
L'organisme Conservation de la nature Canada, bénéficiaire de ce financement, veillera ainsi à protéger des habitats pour de nombreuses espèces, principalement dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Mauricie et de Chaudière-Appalaches, et s'assurera que ces milieux soient reliés entre eux par des corridors écologiques.
Photo : OBV Yamaska
De leur chaloupe de chasse, Alexandre Joly et Martin Gauthier scrutent les berges de la rivière Yamaska à la recherche de leur proie. Elle est abondante, se reproduit rapidement et flotte sur le cours d’eau.
Les deux hommes sont à l’affût de la châtaigne d’eau, une plante envahissante originaire d’Asie détectée pour la première fois en 2018 dans les eaux brunes de la rivière par un kayakiste.
Depuis cinq ans, l’organisme du bassin versant de la Yamaska (OBV Yamaska) s’emploie à éradiquer cet envahisseur par des campagnes estivales d’arrachage. Leur objectif principal : protéger le lac Saint-Pierre, en aval, et ses herbiers.
« Si on la laisse aller, la châtaigne d’eau forme un tapis épais et dense. Il n’y a plus de lumière qui passe, il y a moins d’oxygène – donc la faune, les poissons, il y en a moins –, et le reste des végétaux n’arrive pas à se frayer un chemin. C’est un de nos grands projets. »
Alexandre Joly, gestionnaire du projet
Carte : Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent
Afin d’améliorer la connectivité écologique dans la région, l’organisme Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent mobilise des propriétaires fonciers qui s'engagent à protéger la biodiversité.
Depuis 2021, Ariane Breault tente de rallier des propriétaires fonciers à la mission de l’organisme Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent. La chargée de projet pour l'organisation se souvient de l’une de ses premières rencontres avec un propriétaire foncier du Bas-Saint-Laurent. Dès sa deuxième visite, la biologiste avait vu l’homme en action.
« Il était en train de réfléchir à comment aller chercher son bois de chauffage tout en favorisant la biodiversité », dit-elle avec satisfaction au bout du fil. « Il reproduisait le phénomène de trouées naturelles qui se passent en forêt lorsqu’il y a un chablis [arbre déraciné] ou lorsque des arbres tombent. Il avait pris des branches creuses et les avait placées dans les arbres pour favoriser les habitats pour les polatouches, par exemple. »
Photo : Innovation et Développement économique Trois-Rivières
L’histoire récente de la destruction d’un milieu humide à Trois-Rivières met en lumière un débat crucial qui mérite d’être scruté de près. Cette zone naturelle de plus de 10 hectares, autrefois riche en biodiversité, est en voie de se transformer en une extension de parc industriel, une décision soutenue par la mairie de la ville. Les justifications sont économiques, principalement orientées autour des gains fiscaux liés au développement immobilier.
Pour comprendre la nature de ce qui est en jeu ici, nous avons avantage à revisiter cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « On ne connaît que les choses que l’on apprivoise. » L’importance des milieux humides dans notre écosystème est, en effet, souvent méconnue et négligée.
Ces milieux sont de véritables éponges naturelles. Ils jouent un rôle primordial dans la régulation des inondations, en diminuant leurs risques et leur gravité dans les environnements urbains. Leur capacité de filtration naturelle contribue aussi de manière importante à l’amélioration de la qualité de l’eau, entre autres, en éliminant les nitrates, les phosphates et les métaux lourds.
Photo : MRC de Coaticook
Les deux pieds dans un marais, de l’eau jusqu’aux genoux, Audréanne Loiselle semble dans son élément. Cette doctorante à l’Université de Montréal participe à un projet de restauration de milieux humides à Coaticook. Le Devoir l’a rencontrée à cette occasion afin de comprendre comment de telles initiatives, en particulier sur des terres agricoles, pourraient entre autres aider à prévenir les inondations et favoriser la biodiversité.
Tourbières, marais, marécages, étangs : tous ces milieux humides, la chercheuse les connaît sur le bout des doigts. Lorsqu’elle en voit un, elle est capable de nommer toutes les plantes qui s’y trouvent et de distinguer un marécage d’une tourbière (presque) les yeux fermés. Elle les étudie depuis cinq ans, afin qu’ils soient mieux protégés et restaurés.
Le projet sur lequel elle travaille, qui est en cours d’élaboration, rassemble pas moins de sept chercheurs issus de l’Université de Montréal et de l’Université Laval. Il consistera à collaborer avec la municipalité régionale de comté(MRC) et les producteurs agricoles pour laisser en friche des bandes de terre de quelques mètres situées au bord de la rivière Coaticook, en échange d’une compensation financière versée aux agriculteurs pour la perte de productivité associée.
Photo : Craig Goettsch via Flickr (CC BY 2.0)
Pour protéger les goglus et sturnelles des prés, deux espèces d’oiseaux migrateurs menacées, des producteurs agricoles de la Montérégie retardent la fauche d’une partie de leurs champs jusqu’à ce que les petits soient à maturité. Un effort qui porte ses fruits, puisque cette progéniture revient nicher aux mêmes endroits les années suivantes.
« Il est là ! Regarde le poteau avec le fanion, il y a un petit oiseau dessus ! », s’exclame Marilou Alarie en montrant un piquet de bois coiffé d’un drapeau orangé au milieu de son champ.
Ce piquet marque la zone à ne pas dépasser. Un goglu des prés, reconnaissable à sa grosse tache jaune aux allures de capuchon à l’arrière de la tête, en a fait son perchoir. De ce poste de guet, il émet une série de notes métalliques, souvent comparées aux sonorités émises par le robot R2D2 de La guerre des étoiles. Pour les distinguer, il faut être attentif, car en cette matinée de la fin de juin, l’air est saturé de gazouillis et de pépiements. Les sturnelles des prés, qui, elles, portent leur plumage jaune sur le poitrail, se font aussi entendre.
Carte : TerraBrasilis/INPE (CC BY-SA 4.0)
La déforestation de la partie brésilienne de la forêt d'Amazonie a chuté de 33,6 % entre janvier et juin 2023 par rapport à la même période l'an passé, selon des données officielles publiées jeudi.
La lutte contre l'exploitation de la forêt amazonienne est l'un des principaux objectifs du gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, redevenu président du Brésil le 1er janvier dernier.
Des images satellites de l'Institut national de recherches spatiales (INPE) ont ainsi fait état de 2649 km2 déforestés au premier semestre, contre 3988 km2 entre janvier et juin 2022.
À cette époque, le dirigeant d'extrême droite Jair Bolsonaro, très critiqué pour sa gestion de l'Amazonie, était encore au pouvoir.
Photo : hww.ca
La Ville de Longueuil a décidé de terminer les travaux de construction d’un tronçon routier qui avaient été stoppés en 2021 parce qu’ils détruisaient un des derniers habitats de la rainette faux-grillon. Même si la municipalité assure que le projet a été revu pour en réduire l’impact, un expert du batracien menacé juge que les mesures prévues ne permettront pas de préserver ce milieu essentiel à la survie de l’espèce.
Longueuil avait décidé en 2021 de prolonger le boulevard Béliveau sur une distance de 300 mètres, afin d’y permettre un développement immobilier de part et d’autre de la route, et ce, en plein coeur d’un habitat essentiel de la rainette faux-grillon. Le gouvernement Legault avait d’ailleurs autorisé le projet, malgré un avis de ses experts mettant en garde contre les impacts sur l’espèce.
Longueuil a donc pu détruire une bonne partie des milieux humides du secteur, avant un arrêt des travaux ordonné dans la foulée d’une action en justice du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) et de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec). Par la suite, le gouvernement fédéral a finalement adopté un décret protégeant l’habitat, qui avait été en bonne partie détruit.
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